L’année 2024 a marqué un tournant pour l’économie française, avec un nombre record de faillites d’entreprises. Ce phénomène, bien plus qu’une simple conséquence de la crise sanitaire, révèle des faiblesses structurelles qui affectent divers secteurs économiques. Cet article se concentre sur les secteurs spécifiquement touchés par cette vague de défaillances, analyse les causes sous-jacentes de cette explosion et compare la situation en France avec celle de ses voisins européens.
Une hausse record des faillites : Un signe de fragilité économique globale
En 2024, la France a enregistré près de 66 000 défaillances d’entreprises, soit une augmentation de 28 % par rapport à 2019. Bien que la situation post-COVID ait exacerbé les tensions, il est crucial de comprendre les causes profondes de cette hausse. Selon les dernières données de BPCE L’Observatoire, cette augmentation est le résultat d’une combinaison de facteurs économiques et structurels : des coûts de production élevés, une inflation persistante, des taux d’intérêt en hausse, et une instabilité géopolitique qui a particulièrement affecté certaines industries.
Les secteurs les plus touchés par cette explosion des faillites sont principalement ceux où la pression économique est maximale : la construction, le commerce de détail, la logistique, et l’immobilier. Ces secteurs ont non seulement été frappés par des hausses des coûts des matières premières, mais aussi par une baisse de la demande, notamment en raison des politiques économiques restrictives et des nouvelles normes environnementales.
Les secteurs les plus touchés : une vulnérabilité spécifique
Immobilier et construction : une pression sans précédent
Le secteur de l’immobilier a été particulièrement frappé par l’explosion des faillites. En 2024, le secteur immobilier a vu une hausse de 85 % des faillites parmi les promoteurs et 30 % chez les agences immobilières. Cette situation s’explique par l’augmentation des coûts des matériaux, notamment le ciment et l’acier, couplée à une hausse des taux d’intérêt. Les investisseurs dans l’immobilier, confrontés à des coûts de financement plus élevés, ont dû faire face à une rentabilité plus faible des projets, ce qui a conduit à des défaillances massives. De plus, la baisse de la demande sur le marché immobilier a accentué la pression sur les acteurs du secteur.
En parallèle, la construction a observé une augmentation de 26 % des faillites en 2024, avec des hausses spectaculaires dans des sous-secteurs comme le revêtement de sols (+65 %) et la maçonnerie (+36 %). La crise des matériaux, combinée à la hausse des coûts énergétiques et à la pression des projets en retard, a mis à mal de nombreuses entreprises, incapables de surmonter cette triple contrainte.
Commerce de détail : la pression sur les petites structures
Le commerce de détail est également un secteur où les faillites ont explosé en 2024. Ce secteur a vu une augmentation des défaillances de 17 %, avec des faillites marquantes dans des entreprises telles que Du Pareil au Même et Sergent Major, des enseignes bien connues du grand public. La crise énergétique, la hausse des coûts des matières premières, et l’incapacité à s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs, comme l’intégration de la vente en ligne et la transition énergétique, ont laissé de nombreuses entreprises sur le carreau. Les chaînes de distribution, qui étaient déjà fragiles avant la crise sanitaire, se retrouvent aujourd’hui confrontées à un défi de taille : comment moderniser leur modèle économique tout en répondant à une demande en pleine transformation.
Les TPE et PME du secteur, avec des ressources limitées, ont particulièrement souffert. L’absence de stratégie numérique claire, combinée à une structure de coûts fixes trop lourde, a accentué la précarité de ces entreprises.
Transport et logistique : la dépendance aux chaînes d’approvisionnement mondiales
Le secteur du transport et de la logistique, qui joue un rôle central dans l’économie mondiale, a également été lourdement impacté. En 2024, des hausses notables des défaillances ont été observées, en particulier dans le transport routier de marchandises et les entreprises de logistique. Les augmentations des coûts du carburant, la pénurie de chauffeurs et la gestion complexe des chaînes d’approvisionnement ont fragilisé ce secteur déjà soumis à une forte concurrence internationale. En outre, l’instabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales, exacerbée par des tensions géopolitiques, a aggravé la situation, rendant plus difficile pour les entreprises de maintenir des marges bénéficiaires.
Les conséquences sur l’économie : une répercussion systémique
Les faillites massives dans ces secteurs ont des conséquences économiques profondes et larges. La perte d’emplois est l’une des répercussions immédiates. Selon les dernières prévisions, près de 250 000 emplois pourraient être affectés dans le secteur de la construction et du commerce de détail, avec une augmentation des licenciements dans les PME qui ferment. De plus, cette vague de défaillances affecte la chaîne de valeur dans son ensemble, perturbant non seulement la production mais aussi la distribution et les services associés.
Les chaînes d’approvisionnement sont également durement touchées. Par exemple, la faillite de Michelin, après la fermeture de plusieurs usines en France, a perturbé non seulement la production de pneus mais aussi l’ensemble du secteur automobile, reliant directement cette défaillance à un impact sur les fournisseurs et les distributeurs de matières premières. Cela a exacerbé la pression sur un secteur déjà marqué par une crise de l’offre.
Une tendance partagée pour l’Union Européenne
Cette explosion des faillites en France s’inscrit dans un phénomène européen plus large. En Allemagne, par exemple, le nombre de défaillances a augmenté de 12 % en 2024, principalement dans le secteur de l’industrie manufacturière et de la construction. En Italie et au Royaume-Uni, les secteurs du commerce de détail et de l’hôtellerie ont été les plus touchés, avec des hausses de défaillances respectivement de 15 % et 18 %. Cette dynamique souligne que la crise des faillites en 2024 est un phénomène paneuropéen, alimenté par des facteurs économiques globaux mais également par des spécificités nationales, comme les politiques économiques et les particularités des marchés du travail.
La comparaison avec des pays comme l’Espagne et le Portugal, où les faillites ont été relativement modérées, révèle que des facteurs structurels comme la compétitivité des entreprises, la gestion de la crise de la pandémie et les politiques gouvernementales jouent un rôle crucial dans la résilience des économies.
Une situation fragile mais des leviers possibles pour l’avenir
L’explosion des faillites en 2024 est un avertissement clair des fragilités structurelles de certains secteurs économiques français, qui ont été exacerbées par des crises successives. Les secteurs de l’immobilier, de la construction et du commerce de détail ont été les plus touchés, révélant des vulnérabilités majeures, notamment liées à des modèles économiques obsolètes et à une mauvaise adaptation aux nouvelles réalités économiques et environnementales.
Pour répondre à ces défis, une stratégie d’accompagnement ciblée, incluant des politiques de soutien adaptées, des investissements dans l’innovation et une transformation numérique, sera nécessaire. Les entreprises, notamment les PME, devront repenser leur modèle de gestion des risques et s’adapter à la réalité économique changeante pour survivre.
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